Suppléments de vitamine D et prévention des fractures
Suppléments de vitamine D et prévention des fractures
Mis à jour: Janvier 7 2025
Auteurs de la mise à jour : Dr Adrian Lau, Dre Rowena Ridout, Dre Claudia Gagnon, Dre Zahra Bardai, Dre Emma Billington et Dre Wendy Ward.
Recommandations de l’équipe d’intervention rapide d’Ostéoporose Canada.
Meryl S. LeBoff et ses collègues (1) publiaient récemment les résultats d’une étude auxiliaire à l’essai (VITAL) sur la vitamine D et les oméga-3, concluant qu’une supplémentation en vitamine D3 de 2 000 UI par jour n’entraînait pas un risque de fractures significativement inférieur à celui d’un placebo chez des adultes d’âge moyen et plus âgés généralement en bonne santé.
Dans un éditorial rédigé en réponse à ces résultats, Cummings et Rosen (2) suggèrent que « les prestataires devraient cesser de dépister les taux de 25-hydroxyvitamine D ou de recommander des suppléments de vitamine D, et que les gens devraient cesser de prendre des suppléments de vitamine D pour prévenir des maladies graves ou pour prolonger leur vie ».
Ces articles ont soulevé des questions au sein de la communauté concernée par l’ostéoporose, parmi les professionnels de la santé, les patients et les soignants. Les patients atteints d’ostéoporose ou ayant déjà subi des fractures de fragilisation devraient-ils continuer à prendre des suppléments de vitamine D3? Faut-il vérifier leur taux de vitamine D?
Les risques médicaux pour une personne souffrant d’une affection qui justifierait la surveillance et la supplémentation en vitamine D doivent être soigneusement évalués.
Il est important de souligner que les participants à cette étude étaient représentatifs de la population américaine en général et que, par conséquent, les résultats et les recommandations peuvent ou non s’appliquer aux patients atteints d’ostéoporose, ayant déjà subi des fractures ou présentant un risque de carence grave en vitamine D. Au départ, seuls 10 % environ des participants à l’étude avaient déjà subi des fractures de fragilisation et moins de 5 % prenaient des médicaments pour traiter l’ostéoporose.
Environ 42 % des participants prenaient déjà des suppléments de vitamine D avant le début de l’étude. Si les participants ont été randomisés dans le groupe placebo (par opposition au groupe recevant 2 000 UI de vitamine D), ils ont été autorisés à poursuivre leur supplémentation en vitamine D, et ce, jusqu’à 800 UI par jour. Il convient de préciser que le taux initial de 25-hydroxyvitamine D des participants était de 30 ng/ml, ou 75 nmol/L, ce qui correspond à l’objectif fixé par nos lignes directrices actuelles. Bien qu’il n’ait pas été démontré que la vitamine D prévenait les fractures dans ce groupe d’étude, cet effet de la supplémentation en vitamine D ne peut pas être généralisé aux patients atteints d’ostéoporose, étant donné leur risque plus élevé de fractures.
Que devrions-nous faire au sujet des tests de vitamine D?
À l’heure actuelle, le dépistage des taux de 25-hydroxyvitamine D dans la population générale n’est pas recommandé (3). Toutefois, dans certains cas bien précis, le test de vitamine D peut s’avérer utile au plan clinique. On peut notamment penser aux patients présentant des comorbidités qui affectent l’absorption et le métabolisme de la vitamine D. Dans ce cas, le test peut aider à déceler des taux de 25-hydroxyvitamine D particulièrement faibles et faciliter un dosage adéquat de la supplémentation en vitamine D. Ces comorbidités comprennent le syndrome de la malabsorption, des maladies rénales, les conditions de vie dans le cadre d’établissements et la prise de certains médicaments qui peuvent affecter le métabolisme de la vitamine D. Des tests de dépistage en laboratoire peuvent également s’avérer utiles avant d’entamer la prise d’inhibiteurs de la résorption osseuse dans le cadre d’un traitement de l’ostéoporose, car un faible taux de 25-hydroxyvitamine D peut être un facteur de risque d’hypocalcémie.
Que devrions-nous faire au sujet des suppléments de vitamine D?
Nous encourageons nos patients atteints d’ostéoporose à continuer de prendre leurs suppléments de vitamine D, conformément aux lignes directrices actuelles d’Ostéoporose Canada (4) et en fonction de leurs besoins cliniques personnels. Comme peu d’aliments contiennent de la vitamine D, Santé Canada recommande à tous les Canadiens et à toutes les Canadiennes de plus de 50 ans de prendre 400 UI de vitamine D par jour (5). D’autre part, la majorité des essais pharmacothérapeutiques procurent aux participants au moins 400 UI de vitamine D par jour. Les patients devraient discuter de leurs besoins en vitamine D avec les professionnels de la santé qui les suivent avant de modifier leurs habitudes.
Références
- LeBoff, M. S., S. H. Chou, K. A. Ratliff, N. R. Cook, B. Khurana, E. Kim, P. M. Cawthon, D. C. Bauer, D. Black, J. C. Gallagher, I. Lee, J. E. Buring et J. E. Manson, « Supplemental Vitamin D and Incident Fractures in Midlife and Older Adults », New England Journal of Medicine, 2022; 387(4) : p. 299 à 309.
- Cummings, S. R. et C. Rosen, « VITAL Findings — A Decisive Verdict on Vitamin D Supplementation », New England Journal of Medicine, 2022; 387(4) : p. 368 à 370.
- Lindblad, A. J., S. Garrison, J. McCormack, « Testing vitamin D levels », Canadian Family Physician (Le Médecin de famille canadien), 2014; 60(4) : p. 351.
- Morin, S. N., S. Feldman, L. Funnell, et autres, « Actualisation 2023 des lignes directrices de pratique clinique pour la prise en charge de l’ostéoporose et la prévention des fractures au Canada », CMAJ, 10 oct 2023; 195 : E1333-48. Doi : 10.1503/cmaj.221647. (https://www.cmaj.ca/content/195/46/E1585)
- https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/nutriments/vitamine-d.html
Conseil consultatif scientifique
L’équipe d’intervention rapide d’Ostéoporose Canada, composée de membres du Conseil consultatif scientifique, crée des énoncés de principe dès que des nouvelles sont diffusées au sujet de l’ostéoporose. Ces énoncés de principe servent à informer à la fois les professionnels de la santé et les patients. Les membres du Conseil consultatif scientifique (CCS) sont des bénévoles experts des domaines de l’ostéoporose et du métabolisme osseux.